Reconnaître la douleur
Acceptez de prendre soin de vos douleurs !
Sensations de décharges électriques, de froid ou de brûlure, fourmillements, hypersensibilité au contact… Ces douleurs étranges peuvent être neuropathiques. Plutôt que de les subir, consultez votre médecin : des traitements adaptés peuvent vous soulager.
Aujourd’hui, la douleur n’est plus acceptée comme normale ou secondaire par rapport au traitement d’une maladie : son soulagement est même un droit pour tout patient1. Tous les professionnels de santé doivent prendre en compte les douleurs de leurs patients, quelle que soit leur cause et qu’elles soient aiguës ou chroniques. Parmi celles-ci, les douleurs neuropathiques sont particulières. Elles peuvent survenir lorsque le système nerveux est lésé suite à une maladie (cancer, diabète, zona…), un traumatisme ou une opération chirurgicale. Elles se traduisent par des douleurs « bizarres » à type de brûlure, de froid, de décharges électriques, mais aussi par des sensations désagréables de fourmillements, d’engourdissement, d’hypersensibilité ou d’insensibilité de la peau. Les spécialistes parlent parfois d’« anesthésie douloureuse ». Selon la cause, les douleurs neuropathiques peuvent être localisées à une zone très précise ou plus étendues sur le corps.
Les douleurs neuropathiques, des douleurs difficiles à expliquer
On sait aujourd’hui que les douleurs neuropathiques sont particulièrement sévères, durables et néfastes à la qualité de vie : elles méritent donc au moins la même attention que toute autre douleur chronique. Et elles ne sont pas rares : on estime qu’en France, 1 personne sur 4 ayant une douleur chronique présenterait des douleurs neuropathiques et que celles-ci concerneraient 7% de la population générale2. Pourtant, elles restent méconnues, sous-évaluées et diagnostiquées tardivement. Entre l’apparition d’une douleur neuropathique et son diagnostic, il s’écoule en moyenne un an et demi ! Il faut dire que ces douleurs, souvent invisibles, sont complexes : étranges, capricieuses, déroutantes, elles peuvent être difficiles à comprendre et à décrire au médecin.
Des conséquences néfastes pour le bien-être et la santé
Face à l’expression inhabituelle de ces douleurs, certains patients minimisent : il ne faut pas se plaindre, déranger le médecin « pour si peu ». D’autres pensent que c’est « dans leur tête », qu’ils ne seront pas crus et passeront pour des malades imaginaires. Certaines personnes encore, non soulagées par des antalgiques courants sans savoir que les douleurs neuropathiques nécessitent une prise en charge spécifiques, s’imaginent qu’il n’y a « rien à faire ». Beaucoup tentent d’ignorer leur douleur et comptent sur le temps.
Mais une douleur qui dure est usante, moralement et physiquement. Elle peut « gâcher la vie » en retentissant sur le bien-être, les relations avec les autres et les activités quotidiennes. Elles favorisent les troubles du sommeil, le stress, l’anxiété et la déprime, mais aussi, du fait des contractures musculaires, des mauvaises postures et/ou de la sédentarité qui entraînent elles-mêmes d’autres douleurs.
Des solutions existent !
Plutôt que de se résigner à subir vos douleurs, parlez-en sans délai à votre médecin traitant.
Pour vous aider à lui décrire vos douleurs, vous pouvez lui remettre le « questionnaire sur ma douleur » préalablement renseigné et imprimé. Cet outil vous permet de choisir tranquillement chez vous des termes précis associés à votre douleur (type de sensation, localisation sur le corps, intensité, durée…). Ses résultats vous fourniront un résumé de vos symptômes et favoriseront une discussion plus en détail avec votre médecin.
Votre médecin pourra ainsi plus facilement faire son diagnostic et mettre en place une prise en charge adaptée. Si besoin, il vous orientera vers une consultation spécialisée dans la douleur. Différents traitements peuvent être proposés en cas de douleurs neuropathiques : médicaments par voie orale ou cutanée, neurostimulation électrique transcutanée, acupuncture, kinésithérapie, etc. Il existe donc de nombreuses options pour vous soulager.
-
Références :
1. Article L1110-5 du Code de la Santé Publique.
2. Bouhassira D, Lantéri-Minet M, Attal N, Laurent B, Touboul C. Prevalence of chronic pain with neuropathic characteristics in the general population. Pain. 2008;136(3):380-387.
Sources :
SFETD. Livre blanc de la douleur (2017).
Verdu, B., Decosterd, I. (2008). 'Douleurs neuropathiques : quelques pistes pour une évaluation structurée et une prise en charge spécifique et globale', Rev Med Suisse 2008; volume -6. no. 162, 1480 - 1490.
Attal N, Lanteri-Minet M, Laurent B, Fermanian J, Bouhassira D. The specific disease burden of neuropathic pain: results of a French nationwide survey. Pain. 2011 Dec;152(12):2836-2843.
McCarberg, B. & Billington, R. Consequences of neuropathic pain: Quality-of-life issues and associated costs. Am. J. Manag. Care 12, 263–268 (2006).
Martinez V, Attal N, Bouhassira D : Les douleurs neuropathiques chroniques : diagnostic, évaluation et traitement en médecine ambulatoire, recommandations pour la pratique clinique de la SFETD, Douleurs, Evaluation- diagnostic- traitement ( 2010) 11, 3-21.