
Reconnaître la douleur
La douleur chronique : mille et une émotions
Plus mal en cas de stress ou de souci, moins mal en s’adonnant à son hobby préféré ? C’est normal ! Douleur et émotion sont intimement liées et influent l’une sur l’autre. Les personnes ayant des douleurs chroniques sont particulièrement vulnérables aux émotions négatives et à la déprime qui à leur tour, augmentent le ressenti douloureux. Recourir à un soutien psychologique permet de casser ce cercle vicieux et de se sentir mieux.
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De la baisse de moral à la dépression
C’est bien normal : par la fatigue et les limitations qu’elle impose, la douleur chronique peut empêcher la personne qui la subit de « fonctionner » normalement dans sa vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle. Elle peut ainsi peut mener à un isolement, une baisse d’estime de soi, de la frustration, du ressentiment et de la morosité. La personne atteinte peut être envahie de pensées négatives : se sentir victime d’une injustice, esclave de la douleur, incapable et inutile… De plus, le stress « physique » de douleur chronique perturbe l’équilibre de certaines hormones et neurotransmetteurs du système nerveux central et du cerveau. Tout cela peut conduire à un épuisement moral, à de l’anxiété et de la dépression. On estime que le risque de dépression majeure est 2,5 à 3 fois plus important chez les personnes qui ont une douleur chronique que dans la population générale4.
Les douleurs neuropathiques, plus difficiles à endurer
Entre les sensations de brûlure, d’engourdissements ou de décharges électriques, les douleurs neuropathiques sont connues pour être généralement très difficiles à supporter au quotidien. Elles sont non seulement gênantes, mais elles sont souvent étranges et difficiles à comprendre, par le patient et parfois par les professionnels de santé, ce qui ajoute au désarroi. Selon une étude, les personnes ayant des douleurs neuropathiques ont encore plus souvent des signes d’anxiété et de dépression que celles ayant des douleurs chroniques non neuropathiques5.
Défaire le cercle vicieux entre douleur et émotion pour retrouver l’apaisement
Réciproquement, l’état émotionnel influe sur la douleur chronique. On remarque aisément que les soucis, la peur, le stress, une baisse de moral peuvent augmenter la perception des douleurs, alors qu’être rassuré sur sa douleur, s’en distraire par des activités plaisantes, se détendre ou faire preuve d’optimisme peuvent la diminuer. Les personnes déprimées ou anxieuses ont du mal à supporter leurs douleurs et s’en démobiliser. Si elles doutent de pouvoir gérer leurs douleurs et craignent qu’aucun traitement ne pourra les soulager, elles peuvent se sentir impuissantes et accablées. Certaines démontrent un grand pessimisme, qu’on appelle « catastrophisme », délétère pour l’état moral comme pour les douleurs. Mais toutes sont toutes victimes d’une « double peine » : la douleur émotionnelle s’ajoute à la souffrance physique. Elles sont aussi entraînées dans un cercle vicieux, car la dépression et l’anxiété augmentent la perception de la douleur, qui peut à son tour augmenter la souffrance émotionnelle.
Consulter son médecin traitant pour une orientation vers un psychologue (ou un psychiatre si nécessaire) est un premier pas pour retrouver un plus grand bien-être émotionnel. Différentes méthodes centrées sur la perception de la douleur peuvent être proposées. Les approches cognitives ont par exemple pour objectif de modifier sa façon de penser : transformer ses ruminations en pensées positives, réduire sa peur de la douleur, recentrer ses priorités… Les approches psychocorporelles permettent quant à elles de mieux gérer les douleurs et le stress grâce à des techniques comme la relaxation, l’hypnose ou la méditation.
Références
1. Pain terms: a list with definitions and notes on usage. Recommended by the IASP Subcommittee on Taxonomy. Pain. 1979;6(3):249.
2. Eymere S, Cabout E, Boy G et al : Douleurs Chroniques : enquête sur la perception des malades - Parlez de vos douleurs, congrès national de la SFTED, 18-20 novembre 2020
3. Shuchang H, Mingwei H, Hongxiao J et al. Emotional and neurobehavioural status in chronic pain patients. Pain Res Manage 2011;16(1):41-43.
4. Radat F, Koleck M : Douleur et dépression : les médiateurs cognitifs et comportementaux d’une association très fréquente, L’Encéphale (2011) 37, 172-179
5. Attal N, Lanteri-Minet M, Laurent B, Fermanian J, Bouhassira D. The specific disease burden of neuropathic pain: results of a French nationwide survey. Pain 2011 Dec;152(12):2836-2843.
M-NPR-FR-09-21-0018 - MARS 2025