Reconnaître la douleur

Vrai-faux : chassons les idées reçues sur la douleur !

Tout le monde l’a un jour éprouvée, tout le monde sait ce dont il s’agit. Pourtant, la douleur est une sensation très personnelle, intime et par définition subjective : chacun de nous la vit autrement. Et souvent, elle déstabilise et effraie. Les idées reçues sur la douleur sont donc très répandues ! Si vous avez mal, les chasser vous fera du bien.

 

Si j’ai très mal, c’est que c’est grave !

Faux : Il n’y a aucun lien systématique entre l’intensité des douleurs et la gravité de la maladie en cause. Les coliques néphrétiques ou les rages de dents, aux douleurs très intenses, ne sont pas « graves » et peuvent se soigner assez facilement, alors que le cancer du côlon est longtemps indolore pendant son développement, alors qu’il peut mettre la vie en jeu. Seul le médecin peut évaluer la gravité d’une douleur1,2.

La douleur, c’est « dans la tête ».

Vrai et faux : La douleur étant un signal neurosensoriel transmis au cerveau, elle se trouve d’une certaine manière « dans la tête » ! Mais elle est aussi liée aux émotions : elle est donc ressentie à la fois au niveau physique et psychique. Ces deux dimensions peuvent se succéder et s’alimenter mutuellement. Ainsi, une situation stressante comme un deuil ou des soucis professionnels peut engendrer des douleurs (maux de tête, douleurs de dos…), qui a leur tour peuvent miner le moral, et donc augmenter la perception des douleurs1.

On me propose un soutien psychologique : on pense que mes douleurs sont imaginaires.

Faux : Il n’y a pas de douleur imaginaire : si vous la ressentez, c’est qu’elle est réelle. Par contre, une aide psychologique peut être utile dans la mesure où la douleur est une source d’inquiétude et de déprime, et inversement, la souffrance psychique augmente la douleur physique. Un cercle vicieux peut donc se mettre en place, que le soutien psychologique peut contribuer à interrompre. Outre l’écoute et le dialogue, les psychologues peuvent proposer des approches psychocorporelles qui ont fait la preuve de leur efficacité pour soulager certaines douleurs : relaxation, hypnose…1,2,3

Mes douleurs sont si bizarres que personne ne va me croire.

Faux : Les douleurs neuropathiques sont ressenties de façon inhabituelle (fourmillements, décharges électrique, brûlure) et siègent à distance de la lésion qui les a provoquées. L’entourage et certains professionnels de santé peuvent donc être désarçonnés par leur manière de s’exprimer mais elles sont bien décrites dans la littérature médicale. Un patient douloureux chronique sur quatre présente des caractéristiques neuropathiques*. Elles peuvent être soulagées grâce à une prise en charge adaptée. Consultez votre médecin traitant avec ce questionnaire rempli pour vous aider à mieux expliquer vos douleurs1,3.

Je prends des antidouleurs contre ces douleurs « bizarres » et ça ne marche pas : il n’y a rien à faire.

Faux : Les antalgiques courants (aspirine, paracétamol, ibuprofène) sont peu ou pas efficaces sur les douleurs neuropathiques. Celles-ci sont traitées par des médicaments spécifiques qui doivent être prescrits par un médecin. Ces médicaments sont parfois associés à d’autres méthodes comme la neurostimulation électrique transcutanée ou la kinésithérapie1,2.

Ignorer une douleur chronique, c’est la meilleure manière de la gérer.

Faux :Supporter la douleur sur le long terme ne permet pas de s’y habituer. On ne s’« endurcit » pas et on risque au contraire de s’affaiblir avec un manque d’appétit, des troubles du sommeil, de la fatigue, de la déprime... Bien sûr, vous occuper à des tâches agréables peut vous démobiliser de vos douleurs. Mais vous ne serez pas une personne faible si vous n’arrivez pas à « faire semblant » : ne négligez pas une prise en charge à même de vous soulager1,2,4,5,6,7.

Il faut se méfier des médicaments contre la douleur : on ne voit plus rien aux examens et on ne sait pas si le problème persiste.

Faux :C’est une croyance fréquente mais infondée : il est aujourd’hui recommandé de traiter la douleur en premier lieu quelle qu’en soit la cause. Les professionnels de santé exerçant en hôpital considèrent d’ailleurs la douleur comme un « signe vital » au même titre que la tension artérielle, le pouls ou la température. Soulager la douleur permet même de réaliser les examens et les soins dans de meilleures conditions1,5,6.

J’ai des douleurs neuropathiques depuis une maladie (ou une opération) : ça veut dire que je ne suis pas guéri(e).

Faux : Les douleurs neuropathiques signifient que des nerfs qui ont été lésés ne sont pas encore réparés, pas qu’une maladie est encore là ou qu’une chirurgie a « échoué ». Mais elles doivent être soignées car elles peuvent retentir sur la qualité de vie1,2,8.

  • Références :

    1. SFTED, CNRD : La douleur en questions, 2018

    2. DGOS/Bureau qualité et sécurité des soins : Comment lutter contre les idées reçues sur la douleur ? Semaine sécurité des patients, 26-30 novembre 2012

    3. HUG : Vous avez mal ? Agissons ensemble, janvier 2021.

    4. La Mutualité Française : Mieux maîtriser la douleur, juillet 2007

    5. Institut de cardiologie de Montréal : Mythes et réalités en soulagement de la douleur, Infos Cliniques n°13.

    6. Center for Integrated healthcare : True or False? Common Pain Beliefs

    7. Site Web Vidal : douleur chronique, MAJ septembre 2019 https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/les-faits-en-bref-troubles-du-cerveau,-de-la-moelle-épinière-et-des-nerfs/douleur/douleur-chronique

    8. Réseau régional douleur Basse-Normandie, Omedit : Les douleurs neuropathiques, septembre 2019